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Livres: parutions 1980 - 2016
- 2016 Manifeste interculturel : Editions Franciscaines, Paris.

On peut se demander comment dans l’avenir nous pourrons vivre ensemble avec autant de cultures et de religions différentes, sur une planète qui ne cesse de se rétrécir. Affrontement ou alliance des affirmations culturelles ? Gageons sur l’alliance, sur le développement d’une résistance à toute aliénation et d’un vivre-ensemble enrichissant, loin des pessimismes passéistes identitaires qui parlent de chocs de civilisation. S’il y a un obstacle réel, il n’est pas dans la différence culturelle, dans la diversité qui rend laborieuse la communication entre les populations, mais dans les conceptions mêmes que les faiseurs d’opinion présentent comme b-a-ba de la culture, de l’identité et de la diversité. Ces conceptions sont souvent d’un autre temps et conduisent le vivre-ensemble dans des impasses mortifères, là où seule l’ouverture garantit désormais la vie et la solidarité.
Nos constats empiriques (chapitre 1) nous ont convaincus que toutes les demandes culturelles ne se valent pas. Faire le tri dans les affirmations culturelles suppose donc de faire en premier lieu le tri dans les conceptions que l’on peut avoir de la culture (chapitre 2). Ce tri nous fait découvrir l’existence pratique d’un courant que nous avons appelé l’interculturel (chapitre 3), dont les contours précis ne pourrons être dessinés qu’à la fin de l’ouvrage. Ce travail préparatoire nous conduit aux deux chapitres centraux. Le chapitre 4 présente une définition de la culture qui rompt radicalement avec la vulgate populaire et le chapitre 5 propose de remplacer la notion devenue abstraite de culture par celle, concrète, de sphères culturelles. L’Histoire nous apprend que cette approche, en apparence révolutionnaire, est somme toute moins iconoclaste que l’on pourrait penser à première vue. Les chapitres suivants tirent les conséquences de cette approche renouvelée sur des thèmes souvent évoqués simultanément : la différence culturelle (chapitre 6), l’identité (chapitre 7) et le vivre-ensemble (chapitre 8). L’ensemble de ces réflexions permet de mieux cerner la spécificité et la nouveauté de l’affirmation interculturelle (chapitre 9), pour conclure que l’inter est l’avenir de la culture !
Le livre est disponible à la Librairie des Editions Franciscaines et peut être commandé en ligne.
- 2011 Penser et vivre l'interculturel, Chronique Sociale, Lyon.
Quelle attitude adopter lorsque des différences culturelles risquent de compromettre le vivre-ensemble ?
Quel modèle privilégier : respecter intégralement la culture des autres ou les forcer à se franciser ?
Faut-il suivre le retour en arrière d'hommes politiques qui recommencent à parler de la nécessaire assimilation des migrants ?
Et si le dilemme était faux ? A l'écoute des pratiques sociales et culturelles, Gilles Verbunt constate que depuis longtemps, presque souterrainement, s'étend la réalité des pratiques interculturelles. Une perspective pleine de promesses destiné à donner une tournure constructive aux relations entre populations et personnes de cultures différentes.
Pour gagner en efficacité, mais aussi pour déminer un terrain occupé par des thèses insistant sur le choc des civilisations, le projet interculturel mérite à la fois de réfléchir les pratiques à la lumière de concepts renouvelés et les idées à partir de pratiques innovantes.
Cet ouvrage propose des repères, des supports de réflexion personnels et collectifs afin de permettre d'établir un avis raisonné sur cette question.
- 2011 Manuel d'initiation à l'interculturel, Chronique Sociale, Lyon.
Les différences culturelles posent problème. Elles peuvent envenimer les relations entre les personnes et les populations. Certains prédisent que le choc des cultures conduira les peuples à des affrontements destructeurs. D'autres, au contraire, voient dans les différences culturelles un moment pour instaurer une dynamique relationnelle profitable à tous.
Cette voie constructive, celle de l'interculturel, a du mal à s'imposer dans un monde où la première réaction face à «l'autre» est de créer de la distance, de s'entourer de frontières étanches et de murs de plus en plus hauts. Les partisans de l'interculturel refusent ce procédé appauvrissant et mortifère et optent pour un monde de la rencontre et de l'échange.
Transformer un obstacle en enrichissement n'est pas facile. Pour le réussir la générosité ne suffit pas. Encore faut-il consentir à apprendre à surmonter les obstacles et à saisir, pour un enrichissement personnel et collectif, les chances qu'offre la confrontation avec «l'autre».
Ce manuel a pour objectif non de présenter une vérité interculturelle toute faite, mais de faire réfléchir à partir de questions pratiques, d'affirmations courantes et de citations d'auteurs.
- 2006 La modernité interculturelle
- Notes de lecture

2006 La modernité interculturelle. La voie de l'autonomie. L'Harmattan, Paris. 239 pages
La modernité interculturelle : la voie de l'autonomie est un ouvrage sur la conciliation possible du mouvement de mondialisation et du respect des cultures. Ce qui permet de les concilier est une valeur morale et politique, proposée par l'Occident : l'autonomie. Sa diffusion passe par un contact particulier entre les cultures : l'interculturel. Elle est créatrice d'un mode de vie : la modernité. Elle instaure le régime des libertés individuelles. Elle porte en elle une potentialité : l'universel.
L'ouvrage est lui-même un exercice interculturel pour le lecteur français. L'auteur, d'origine néerlandaise, n'avance pas dans sa réflexion de façon linéaire, mais en spirale. Les cinq chapitres sont comme les cinq mouvements d'un morceau de musique classique : c'est le même thème qui revient constamment, joué dans un mode différent.

La modernité interculturelle : la voie de l’autonomie
Lu par Nolwenn Guyonvarch

Dans : Journal es Instituteurs, n°5, janvier 2007
De plus en plus se dessine une vision du monde opposant une civilisation dominante à une multitude de cultures. Tandis que la première, née en Europe occidentale, s’étend à grande vitesse, les autres perdurent localement tout en se trouvant bousculées par le processus d’uniformisation en marche. D’où la question initiale de cet ouvrage ; “Comment concilier la mondialisation et la diversité culturelle ?”
L’auteur illustre tout d’abord cette interaction de fait en déclinant ses implications sous les angles successifs de la religion, de la langue, des valeurs, de l’histoire, de l’éducation, de la famille et des sciences. L’individualisme mettant l’homme au centre de son existence et le dégageant d’obligations contraignantes désacraliserait tout à la fois la main de(s) Dieu(x), l’héritage culturel, les traditions familiales et l’esprit collectifs. Plutôt que de condamner ou de prôner un modèle, l’auteur propose une “voie de l’autonomie”, qui inclurait une approche interculturelle et la recherche d’un équilibre entre les prérogatives de la collectivité et celles des individus. Riche d’exemples balayant l’ensmble de la vie sociale, ce livre aide à prendre de la distance avec nos propres normes, à ouvrir nos portes vers les autres, la diversité du monde et la créativité de chacun.
- 2006 Apprendre et enseigner le Français
- Note de lecture 1
- Note de lecture 2

2006 Apprendre et enseigner le français en France. Une aventure commune.
L'Harmattan, Paris. 113 pages
Avec une préface de Christian Puren et une postface d'Anne Vicher.
A la conception traditionnelle de l'enseignement de la langue et de la culture françaises aux étrangers devant s'intégrer en France s'est désormais substituée celle d'un « échange équitable » entre apprenants et enseignant, dans laquelle la découverte interculturelle réciproque est à la fois l'objectif et le moyen de l'entraînement langagier.
Mais comment l'enseignant peut-il concrètement gérer des classes avec des élèves d'origines culturelles différentes, hommes et femmes, jeunes et vieux, migrants économiques et réfugiés ?
Il n'est pas possible, pour l'enseignant, avec des publics aussi hétérogènes, de ne pas prendre en compte la diversité de leurs appartenances, mais il lui est tout aussi impossible d'avoir toutes les connaissances qu'exigerait a priori un tel « échange équitable ».
L'auteur suppose la seule solution raisonnable, celle du mode de gestion a posteriori, qui implique pour l'enseignant d'acquérir le « réflexe interculturel ».
Les multiples exemples concrets qu'en présente l'auteur sur la base de sa longue expérience professionnelle font de cet ouvrage le premier véritable manuel de formation à l'enseignement-apprentissage du « français langue seconde en France ».

Note de lecture rédigée par Catherine Brumelot, Casnav Orléans-Tours
Préface de Christian Puren.
Postface d'Anne Vicher.
Le fil conducteur de ce court ouvrage est révélé par son sous-titre. A savoir qu'apprendre et enseigner le français induit un échange permanent pour une découverte de la langue-culture de l'Autre. C'est « une rencontre humaine où l'enseignant a tout autant à apprendre de ses apprenants » (p. 8).
Cet exposé clair et concis de G. Verbunt permet d'aborder trois concepts essentiels qu'il prend soin d'illustrer d'exemples concrets : l'interculturalité, la relation langue-culture française, la centration sur l'apprenant (et par voie de conséquence la décentration de l'enseignant).
Dans son premier chapitre « Pourquoi apprendre le français », l'auteur développe un thème qui lui est cher, celui des obstacles culturels et sociaux aux apprentissages. (Cf. 1994, Les obstacles culturels aux apprentissages, CNDP, Paris).
Dans le deuxième chapitre intitulé « Des langages et des langues », G. Verbunt, redéfinit en quoi les langues diffèrent des langages en prenant appui sur les thèmes suivants : pluralité des langages, langue et identité, oral et écrit, cultures d'apprentissage, langage non verbal et bilinguisme. Nous comprenons bien que pour communiquer, il est nécessaire d'acquérir langue et langages.
Le troisième chapitre est consacré à l' « Etrangeté de la langue française » d'un point de vue plus linguistique : prononciation, vocabulaire, grammaire, composition , problèmes de compréhension.
Dans le chapitre suivant, l'auteur évoque « Comment les différences langagières nous révèlent les particularités culturelles ». Il insiste là encore sur le fait que maîtriser une langue ne se limite pas à la connaissance de ses règles mais qu'il est impératif d'en appréhender tous les codes socioculturels : « niveaux de communication, relations sociales, tutoiement, salutations, mots (dé)valorisés, individu et collectivité, relations entre enseignants et apprenants ».
L'auteur termine son ouvrage sur « La langue et la norme » en nous donnant des exemples de notre obsession du purisme et autres clichés linguistiques mais termine sur ces mots : « L'entrée dans la vision du monde de l'autre en lui donnant les moyens linguistiques d'entrer dans la notre est une entreprise passionnante, capable de faireoublier les moments inévitablement fastidieux qui accompagnent tout apprentissage. »

Note de lecture rédigée par Mariem HAMIM
Parti d'une expérience personnelle qu'il souhaite partager, l'auteur aborde un aspect, non moins important de l'enseignement du français aux étrangers. Il place la question de l'interculturalité au centre de sa réflexion et la substitue ainsi à un simple contact entre des enseignants et des apprenants dont l'objectif serait l'apprentissage traditionnel et didactique du français. La considération du regard de l'étranger sur ce langage français, l'influence de la langue d'origine sur la façon d'appréhender le français et l'incidence d'une situation sociale et culturelle particulière sur le processus d'apprentissage seront des éléments à prendre en compte.
Il s'agit de « développer chez l'enseignant une attitude de veille permanente de manière à ce qu'en cas de blocage de la transmission, il fasse systématiquement l'hypothèse que la culture d'origine et la situation socio-culturelle culturelle de l'étranger puisse y être pour quelque chose. »
Par ailleurs, le fait d'enseigner la langue étrangère peut inciter à progresser dans les cultures des autres. L'échange sur les différences culturelles à partir de pratiques langagières est un moyen d'enrichir et d'approfondir les relations personnelles et collectives. Au-delà de l'apprentissage technique, les relations humaines sont un appui moral et un garant de l'ouverture d'esprit. Pour un étranger, l'appropriation d'une langue est avant tout une clé pour ouvrir l'accès à un univers nouveau, une clé qui permet de participer davantage à la vie sociale, culturelle et politique d'une société oud'une communauté.
C'est également un instrument de réflexion et un moyen d'expression de soi et de ses sentiments. En dépassant les questions de méthode, l'enseignant devient un acteur principal d'enrichissement humain et culturel. D'où l'intérêt de ce livre qui se veut une excellente sensibilisation pour les formateurs et enseignants du français langue étrangère.
Page 118 Ecarts d'identité N°108 – 2006
- 2004 La question interculturelle dans le travail social
- Notes de lecture 1
- Notes de lecture 2
- Notes de lecture 3

2004 La question interculturelle dans le travail social. 224 pages
Perspectives et repères. Collection Alternatives Sociales. La Découverte, Paris.
Les travailleurs sociaux, dans l'exercice de leur profession, sont en permanence confrontés aux différences culturelles. Dans la relation d'aide, les objectifs qu'ils peuvent fixer, les moyens qu'ils mettent en œuvre, l'évaluation qu'ils font de leurs interventions sont en général — beaucoup plus qu'ils ne le pensent— marqués par leur propre culture. Il en va de même des usagers de leurs services. Mais également des institutions, dont la culture peut être en tension avec celle des agents présents sur le terrain. Les tiraillements sont donc nombreux et peuvent conduire à des situations embarrassantes, où l'improvisation et la confusion sont courantes.
Pour arriver, au bénéfice de tous, à une plus grande efficacité des interventions, il est utile de promouvoir un véritable dialogue interculturel. Celui-ci passe d'abord, pour le travailleur social, par un effort de connaissance de sa propre culture, puis par une démarche de compréhension des cultures auxquelles il est confronté.
Cet ouvrage, faisant l'objet d'une seconde édition, propose d'explorer les conditions d'établissement d'un tel dialogue, à travers l'analyse de situations et de questions souvent soulevées par les différences culturelles entre le professionnel d'un service social, son institution et ses interlocuteurs originaires d'autres sphères culturelles. Un essai qui offre des clés de compréhension essentielles aux travailleurs sociaux confrontés à des situations interculturelles et qui ouvre des perspectives professionnelles et humanistes.

La question interculturelle dans le travail social, Repères et perspectives
Françoise Hickel dans : Sociétés et jeunesses en difficulté, 2

Travailler l'interculturel dans l'intervention socio-éducative fait apparaître un enchevêtrement complexe de questions que l'ouvrage a le mérite de repérer et de différencier, tout en examinant leurs contours.
Pour mettre en perspective la « question interculturelle », part de deux postulats. Le premier est celui d'un parti pris positif sur les différences culturelles autochtones/étrangers, ou travailleurs sociaux/étrangers. Celles-ci concernent également le rapport des institutions françaises avec les agents exerçant sur le terrain. Le deuxième est celui de l'affirmation que l'interculturel commence avec un effort de connaissance de soi et de sa propre culture. En poussant le point de vue de Gilles Verbunt, on pourrait dire qu'il s'agit, en effet, de nous représenter nous-mêmes comme faisant partie d'une communauté quelconque, parmi toutes les autres. Cette imagination fait alors de nous-mêmes « l'étranger de l'étranger », et cette posture se met à l'épreuve des rencontres réalisées dans l'exercice du travail social.
A partir de cette mise en perspective, l'auteur dresse un tableau à facettes multiples de l'interculturel dans le travail social. Il décortique tout d'abord la notion d'intégration et nous rappelle avec profit que celle-ci « n'est pas une notion réservée aux seules personnes étrangères, ou d'origine étrangère, elle concerne chacune des personnes vivant en France et constitue l'élément fondateur du pacte social et du "vivre ensemble" ». L'auteur distingue ensuite intégration et assimilation et souligne le rôle des survivances de la colonisation dans les relations sociales. Enfin, il plaide pour une pluralité des appartenances et des lieux d'intégration, celle-ci étant abordée comme un processus au sein d'interactions concrètes, en lien avec les conditions économiques et sociales dans lesquelles elles se jouent.
A partir de ces processus interactifs complexes et toujours en cours, Gilles Verbunt recense quelques questions de base pour le travailleur social.
Comment aider à passer des coutumes à la loi ? L'auteur rappelle les contraintes fondamentales du droit français : égalité hommes/femmes, limitation du pouvoir parental, droit à l'intégrité physique ou psychique… Dans les rapports coutumes/droit national, il s'agit bien que la coutume se soumette au droit national. Mais plutôt que d'opposer droit et coutume, il s'agit de construire, pas à pas, un comportement éthique sur des fondements présents dans toutes les cultures. Pas de recette pour cela, mais des repères à prendre au sein des phénomènes comme l'honneur, des sentiments de honte et de culpabilité, des modes de contrôle social par l'environnement ; il s'agit aussi de reconnaître les prises de risque effectives dans ce qui sera vécu et considéré comme des transgressions culturelles et religieuses. Dans ce rapport au droit national, l'auteur plaide pour une naturalisation qui ne soit pas l'achèvement d'un processus d'intégration, mais comme la part d'un processus soutenant cette intégration. Cela amène alors à concevoir un rapport entre travail social et engagement militant ou politique, qui pense à associer tous les citoyens dans l'action sociale qui les concerne.
Comment, par ailleurs, l'expérience de la migration bouscule-t-elle places, statuts, rôles et représentations ? Le travailleur social œuvre avec des personnes contraintes à des remaniements tant sociaux que psychiques, remaniements se réalisant plus ou moins bien selon les conditions dans lesquels ils prennent place. Les relations hommes/femmes, le rapport à la maternité, aux enfants, au mariage, au corps, à la maladie physique ou mentale, sont quelques-uns des champs où des transformations peuvent s'opérer et qui demandent de la part du travailleur social de savoir écouter et regarder où en est la personne concernée dans le cours de ces transformations ou de ces mutations, sans la fixer à sa culture d'origine, ni l'assimiler à la culture de la société d'accueil.
Le dialogue interculturel est alors tout d'abord un effort. Effort du côté du travailleur social pour transformer ses représentations sociales, effort pour l'autre à transformer les siennes. Dans la situation multiculturelle de fait, il s'agit de dépasser préjugés et stéréotypes pour favoriser un retour de soi sur soi et de l'autre sur lui-même, et entrer dans une démarche interculturelle.
Gilles Verbunt décrit et analyse pour terminer les situations interculturelles sensibles où les différences de perception sont vitales à travailler. Les modes d'accès à l'emploi, les façons de gérer l'argent, les manières d'investir l'habitat, les modes de solidarité, le rapport au religieux et les manipulations intégristes, les mariages forcés, l'excision, la polygamie, les divorces/répudiations, les modes d'éducation des enfants et d'exercice de l'autorité, la santé mentale, la mort sont autant de pierres de touche fréquentes dans l'exercice du travail social. Sont discutées alors les adaptations institutionnelles possibles, telles que la discrimination positive, le développement d'une culture du compromis, le travail en partenariat, la médiation et ses conditions, l'apparition de nouvelles figures sociales comme les femmes-relais. L'auteur insiste au final sur l'importance de la formation à l'interculturel.
On peut regretter le survol parfois hâtif d'un certain nombre de questions évoquées, comme celle de l'excision, de l'ethnopsychiatrie ou du plurilinguisme en France, dont la complexité n'est pas suffisamment soulignée et où travaux et services existants ne sont pas mentionnés. Un certain nombre de données, comme celles concernant les conditions d'entrée et de séjour des étrangers, la naturalisation, l'accès à l'emploi, ou l'état des rapports sociaux aujourd'hui seraient par ailleurs déjà à réactualiser. Il n'en demeure pas moins que l'ouvrage constitue une référence introductive de base, pédagogique, truffée de références bibliographiques récentes permettant au lecteur d'approfondir son approche selon ses besoins particuliers. On en retiendra la complexité de l'approche interculturelle et la posture de base qu'elle exige, par ce retournement initial à effectuer pour entrer dans la relation à l'étranger, paradigme de la relation à l'autre.

Les adaptations institutionnelles : l'interculturel dans le quotidien des travailleurs sociaux.
Réseau National de Ressources en Sciences Médico-Sociales
http://www.ac-creteil.fr/SMS/esf/interculturalite/welcome.html

Dans une société qui évolue et qui devient de plus en plus multiculturelle, les travailleurs sociaux dans leur rencontre avec un public « venu d'ailleurs » sont confrontés de plus en plus à la question interculturelle et quelquefois aux inadéquations institutionnelles. Aujourd'hui il ne fait plus de doute que dans leur pratique quotidienne, les travailleurs sociaux ont dû intégrer la dimension interculturelle comme constitutive de leur activité. Pour Gilles Verbunt, la lutte contre les discriminations, l'accueil et le suivi des étrangers, et le travail en partenariat représentent les principaux champs où l'interculturel constitue une caractéristique de l'intervention des travailleurs sociaux.
Document d'une grande clarté qui propose une réflexion toujours nuancée sur la place occupée par les travailleurs sociaux entre d'une part, des institutions pas toujours « ouvertes » et d'autre part des usagers aux appartenances diverses.

Différences des perception et situations interculturelles sensibles.
In : « La question interculturelle dans le travail social ».
Réseau National de Ressources en Sciences Médico-Sociales
http://www.ac-creteil.fr/SMS/esf/interculturalite/welcome.html

Il existe des domaines où les tensions entre populations différentes se manifestent de manière intense et sensible. Ce sont ces domaines, au sein desquels les travailleurs sociaux consacrent une grande partie de leur activité, que Gilles Verbunt entreprend d'explorer dans ce chapitre. Il s'agit essentiellement des domaines de l'emploi et du chômage, de l'argent, de l'habitat, des religions et du statut personnel, de l'éducation, de la santé et du corps, et de l'alimentation. Certains d'entre eux supposent une approche très complexe du fait de la forte sensibilité des questions qu'ils posent (religion, statut de la femme, éducation…). Face à cette complexité, les travailleurs sociaux doivent en permanence s'efforcer de s'intégrer dans l'univers culturel de leurs interlocuteurs de manière à mieux comprendre les logiques de conception et de comportements qui les animent et qui diffèrent des leurs.
Document très clair qui explore de manière concrète les pratiques culturelles autour desquelles les travailleurs sociaux sont quelquefois amenés à intervenir.

Dans le travail social. Paris, Éd. La Découverte, coll. Alternative sociale, 2005, 218 p.

Gilles Verbunt consacre ses travaux à la question de la diversité culturelle, plus précisément à celle de l'interculturalité appliquée à divers champs professionnels. Longtemps chargé de cours à l'université Paris 12 et à l'Inalco, le sociologue connaît bien les travailleurs sociaux auprès de qui il a fait de nombreuses interventions.
Dans cet ouvrage, il expose les conditions d'un véritable dialogue interculturel indispensable dans le travail social. En effet, les travailleurs sociaux, de par leur rôle auprès des populations migrantes, sont en permanence confrontés aux différences culturelles. Si ces différences peuvent constituer un obstacle à la communication et altérer leur travail, elles peuvent tout aussi bien être surmontées et, par conséquent, l'enrichir. Alors comment aider l'autre, le différent, sans le réduire à une altérité irréductible ?
Telle est la question qui traverse ce texte de part en part. De fait, les travailleurs sociaux se trouvent pris à l'interface des institutions qui les emploient et des usagers qui les sollicitent : entre les attentes des uns et les difficultés des autres, ils doivent composer avec des milieux culturels hétérogènes aux problématiques complexes. De plus, à la variété des populations d'origines étrangères, s'ajoute une variété de prise en charge éducative, thérapeutique et sociale, qui requiert autant de compétences de la part des professionnels.
L'institution développe une culture officielle, bien souvent inconnue des nouveaux arrivants. Ces derniers, d'origines culturelles diverses, se trouvent engagés dans des processus d'acculturation dans le pays d'accueil, liés au phénomène migratoire : désagrégation des références initiales, incompréhension des nouveaux repères.
La culture du travailleur social imprègne ses propres pratiques. De sorte que, dans son exercice professionnel, il est d'emblée confronté aux différences. C'est au regard de celles-ci qui, du fait de la mondialisation grandissante des échanges, sont une donnée fondamentale de la vie sociale moderne, que Gilles Verbunt adopte un point de vue positif. À ce titre, son texte est parsemé de notes et de références fort utiles, indispensables à qui cherche à approfondir cette thématique. De quels outils disposent les travailleurs sociaux ?
L'auteur propose deux points d'ancrage qui sont, respectivement, d'ordre relationnel et d'ordre axiologique. Le premier principe, d'ordre relationnel, porte sur le problème de la distance professionnelle à tenir dans la relation d'aide : proximité ou distance. Très vite, le travailleur social se trouve confronté à un dogme incontournable : la non-implication personnelle dans le travail social. Or, très justement, en situation interculturelle, une posture de ce type s'avère intenable et risque d'être incomprise par des interlocuteurs venus d'ailleurs. Selon Gilles Verbunt, seule une proximité affective peut lui permettre de comprendre les situations de l'intérieur et percevoir la complexité des enjeux et le sens des problèmes posés. Cette approche est indispensable pour expliquer les décisions prises par le travailleur social. Ainsi tous les interlocuteurs prennent-ils leur part de responsabilité. L'auteur donne nombre d'exemples et de clés de compréhension des facteurs culturels interférant dans toute communication, point de départ d'une relation d'aide.
En effet, pour un meilleur dialogue interculturel, il importe de bien prendre conscience de l'importance des représentations collectives liées au contexte social, politique et économique. De même que le travailleur social a sa propre connaissance du milieu de l'usager, l'usager a son idée sur les travailleurs sociaux. Pour sortir de l'emprise des malentendus, la prise en compte des facteurs d'ordre culturels – le langage corporel, la perception auditive, l'espace et le temps, les salutations –, les différences de perception et les situations interculturelles sensibles – emploi, habitat, religion, statut de la femme, éducation – sont autant de paramètres à mobiliser pour instaurer une relation saine.
Le deuxième repère se rapporte au domaine des valeurs à respecter. Cela passe d'abord par un effort de connaissance de soi et de sa propre culture. Car l'évidence culturelle est un obstacle à la rencontre de l'autre, voire sa négation. C'est pourquoi, un travail de déconstruction de ses propres valeurs semble indispensable à toute entame de dialogue interculturel : la prise de conscience de la relativité de son propre système de valeurs. Ce passage obligé ouvre un espace de confrontation et de négociation des conceptions et valeurs. Pour ce faire, l'auteur invite à un effort de précision sur le sens des mots employés : l'identité se distingue de la nationalité, le milieu culturel de la communauté, le patriotisme du nationalisme, les musulmans des islamistes, etc. Par exemple, les jeunes d'origine immigrée sont-ils assis entre deux chaises ou sur une multitude de chaises ? Il semble que l'analyse qui privilégie l'appartenance multiple soit plus fructueuse, car l'identité prend racine dans une synthèse d'appartenances au rang desquelles on peut énumérer des appartenances nationales, ethniques, professionnelles, religieuses.
Quant à l'intégration, faut-il la considérer comme un objectif du travail social ? Prenant soin de la distinguer de l'assimilation et du communautarisme, l'auteur répond à cette question par une analyse historique du concept d'intégration et l'inscrit dans un processus dynamique et interactif. De là le rôle pédagogique du professionnel du social qui, dans son travail de médiation, apparaît comme un passeur entre des interlocuteurs originaires d'autres sphères culturelles et la société d'accueil. Si nul ne naît autonome, il le devient par la socialisation qui est le résultat d'une pédagogie. Au fond, il s'agit de toujours privilégier la négociation et le compromis qui seuls peuvent conduire à l'intégration. Au-delà de cette approche compréhensive, une question fondamentale demeure : jusqu'où le travailleur social peut-il tolérer les différences culturelles ?
L'auteur met l'accent sur la communication et l'ouverture à l'autre qui obligent à la rencontre, à la confrontation des logiques de conceptions et de comportements ; ce qui requiert de chacun un dépassement de ses propres critères culturels. Il s'agit de respecter les traditions et les valeurs de chaque milieu tant qu'elles n'entrent pas en conflit avec les principes qui garantissent la possibilité de la coexistence et du vivre-ensemble. Aussi le maître mot de cette interculturalité dans le travail social demeure-t-il le dialogue interculturel qui passe par la compréhension réciproque.
Jean Zoungrana CRESS, université Strasbourg 2 Jean.Zoungrana@umb.u-strasbg.fr
- 2001 La société interculturelle
- Notes de lecture

2001 La société interculturelle. Vivre la diversité humaine, Editions du Seuil, Paris. 281 pages
Edition : 2012 Traduit en coréen par HanUp Jang, Kyoyookkwahaksa, Séoul, 225 pages
La mondialisation signifie aussi rencontres et échanges généralisés entre cultures à un degré jamais atteint jusqu'à présent. L'interculturel est déjà un fait, qui ne fera que s'amplifier demain. Cet ouvrage est la fois une réflexion et un guide à propos d'un phénomène qui touche désormais la plupart des hommes sur la planète.
Une réflexion sur les notions de culture, d'identité, d'origine, de communauté, pour sortir d'une conception rigide et figée qui enferme les populations et empêche d'emprunter la voie normale de l'interculturalité.
Un guide pratique, foisonnant d'exemples, pour prendre conscience des points sensibles et des obstacles, comprendre les causes des difficultés interculturelles, fournir des outils de compréhension sur les différends et les malentendus à propos du corps, de la morale, des modes de pensée, des stéréotypes de toutes sortes et en tous domaines.
Hors de l'interculturel, point de salut ? En tout cas, ce livre est convaincant : pour les hommes du XXIe siècle, la société sera interculturelle, et il importe de prendre la mesure d'un tel changement.
Voir dans la rubrique Commentaires la recension de Nadia Alidra.
(Une critique a été faite par Sirma Bilge dans le Journal of International Migration and Integration, 4(1), pages 142-144.)

La société interculturelle, vivre la diversité humaine
Écarts d’identité, n° 98 Nadia ALIDRA

Gilles Verbunt expose dans cet ouvrage et à travers divers exemples les moyens de parvenir à une entente interculturelle. Il explique ce qui constitue les différences dans la société multiculturelle dans laquelle nous vivons et tente d'apporter des éléments de réponses. Pour que la rencontre des individus soit réalisable et surtout pour qu'elle soit maintenue dans un échange réciproque et d'interdépendance, l'action interculturelle doit se prémunir de réelles motivations individuelles fondées sur le bien-être et l'harmonie entre les peuples. Mais la motivation n'agissant pas seule, il est primordial de mettre en œuvre et d'organiser un véritable terrain d'entente favorable au processus d'une rencontre positive. En ce sens, Gilles Verbunt préconise la mise en application de nos qualités humaines telles que l'empathie, l'écoute, la curiosité, l'assertivité. Pour l'auteur, nous devons aussi prendre conscience de nos stéréotypes, de nos préjugés afin de les travailler dans la perspective d'une meilleure rencontre avec l'autre. L'interculturel, pour lui, c'est aussi surmonter le passage obligé des paradoxes, des oppositions que les rencontres inattendues imposent.
Ce livre présente un débat sur la manière d'appréhender l'interculturel et les risques encourus de vouloir l'occulter, le nier. En France, le modèle républicain actuel n'admet pas la reconnaissance minoritaire, les particularismes au nom des valeurs laïques et de l'égalité de tous devant la loi. Dans cette perspective, ce livre devient un véritable outil pédagogique qui peut intéresser aussi bien les universitaires, les enseignants, que les acteurs du champ social (éducateurs, formateurs, psychologues, ...) .
Il s'adresse à tous ceux qui souhaitent mieux comprendre les questions qui tournent autour de l'interculturel, de la différence ethnique et de la mixité. La dynamique interculturelle s'épanouit à travers toute la complexité des systèmes de valeurs qui répondent à des références sociales, religieuses, culturelles, politiques, et historiques multiples. C'est la raison pour laquelle Gilles Verbunt propose un large état des lieux où toutes ces dimensions agissent dans nos démarches quotidiennes. Il préconise notamment dans un souci pédagogique, " la compétence interculturelle " qui vise alors la démarche éducative essentielle pour les acteurs du social. Il insiste aussi sur la démarche professionnelle qui doit se prémunir de savoirs théoriques nécessaires dans l'apprentissage de l'approche interculturelle. De même, il explique de manière pragmatique et illustrative l'interculturel, ses enjeux sociaux, ses limites et ses richesses.
On peut cependant formuler une réserve quant à sa manière d'envisager le phénomène interculturel. Si pour l'auteur l'interculturel ne s'est pas encore réalisé au sein d'une nation et ne peut coexister avec les pratiques discriminatoires, alors l'interculturel a peu de chance de s'établir dans les sociétés actuelles. Ceci dit, ce livre ouvre un réel débat sur le fait et le devenir interculturel. Ainsi, il a le mérite de poser des questions rigoureuses, en apportant des pistes d'analyse et de réflexion intéressantes pour garantir une véritable pratique interculturelle dans nos conduites quotidiennes et nos perspectives d'avenir.
- 1998 Les jeunes et l'autorité, Aspects culturels
- Note le lecture

1998 Les jeunes et l'autorité, Aspects culturels. Guide des intervenants. CNDP, Paris. 228 pages
L'autorité des adultes sur les jeunes n'est plus ce qu'elle était. Aujourd'hui, aucune figure de l'autorité n'est à l'abri de la contestation, ni de la part des jeunes, ni d'autres institutions qui se renvoient la balle. Dans les banlieues sensibles, les adultes paraissent parfois dépassés par les événements. Le choix n'est pas entre la démission, la fuite et la volonté de s'imposer malgré tout. Une troisième voie possible est la création d'un nouveau type de relations entre jeunes et adultes aussi bien au niveau de la société globale et de ses institutions que dans le quartier, à l'école ou dans les familles.
Pour réussir ce pari, trois conditions, parmi d'autres, doivent être remplies ; ce guide s'efforce de les mettre en lumière.
La première concerne la connaissance des publics. Qui sont ces jeunes que souvent les adultes redoutent ? Les connaître un peu mieux permet de mieux les comprendre.
La seconde concerne la connaissance de sa propre culture ; sans prise de conscience de la relativité de nombre de nos évidences, il n'y aura pas de communication avec ceux et celles qui ne partagent pas nos références ethnique, professionnelle, religieuse, de classe…
La troisième condition est la nécessité d'élucider le rapport que chacun entretient avec sa culture. Quelle place occupe la question des identités dans nos relations sociales ? La transmission et l'évolution de notre culture sont à ce prix.

Présentation sur : www.droitspartages.net/selection_doc_justice.php
Quel est le rôle joué par les cultures dans les questions relatives à l'éducation des jeunes qui vivent dans les quartiers sensibles et qui sont issus des milieux de l'immigration? Y a-t-il des données spécifiques à prendre en compte, lesquelles? Comment juger du comportement de ces jeunes par rapport à toutes les figures de l'autorité?
Ce guide apporte, en réponse à ces questions, des éléments de réflexion théoriques et pratiques. Ouvrage très utile et conçu spécialement pour les travailleurs sociaux et pédagogues.
Voici une présentation, trouvée sur le site Web de l’INRP, du guide « Les jeunes et l’autorité »
Ce guide a été réalisé à l'initiative du Fonds d'Action Sociale, avec le concours de la Direction Interministérielle à la Ville et de la Direction de la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Il propose une troisième voie entre la démission et la volonté de s'imposer malgré tout : la création d'un nouveau type de relations entre jeunes et adultes aussi bien au niveau de la société globale qu'au niveau du quartier, de l'école ou de la famille. La première partie de l'ouvrage analyse les questions des influences culturelles des jeunes, d'identité personnelle, de socialisation et d'autorité. La seconde partie, sous la forme de fiches, propose un approfondissement de situations et de thèmes concrets. Les fiches concernant l'école abordent les questions du respect, de la discipline et de la violence, de l'implication des parents, de l'usage de la langue (langue dans la vie sociale, langue maternelle, langages des banlieues), du respect des valeurs de l'autre. »
- 1996 Les obstacles culturels aux interventions sociales, Guide pour la réflexion et les pratiques. CNDP, Paris. 170 pages
Les différences culturelles compliquent la vie des intervenants sociaux, éducatifs et médicaux dans des familles « autres ». Prendre position est nécessaire, mais insuffisant : il y a des situations à gérer au jour le jour. Comment faire, en conciliant à la fois une perspective d'intégration à long terme, le respect de sa propre culture et celle des «autres» ? Quelle approche privilégier, juridique ou pédagogique, idéaliste ou pragmatique ?
Les obstacles culturels aux interventions sociales, comme l'ouvrage précédent Les obstacles culturels aux apprentissages, tente de donner aux intervenants des champs social, médical et éducatif les outils pour comprendre et analyser de nombreuses situations déroutantes, et par là faciliter le dialogue et trouver des solutions efficaces. Comprendre sans toujours justifier ; parler de cultures sans tomber dans des stéréotypes ; donner des outils théoriques dans cesser d'être pragmatique : voilà quelques paris que l'auteur a voulu tenir.
- 1994 Les obstacles culturels aux apprentissages
- Notes de lecture

1994 Les obstacles culturels aux apprentissages, Guide des intervenants.CNDP, Paris.178 pages
Dans la formation des immigrés et des publics en difficulté d'insertion, les malentendus sont fréquents, même s'ils ne s'expriment pas toujours au grand jour. Il faut « favoriser l'autonomie de l'apprenant », « aider à formuler un projet personnel » dit-on, par exemple. Mais l'autonomie est-elle une valeur suprême dans toutes les cultures ? Que peut signifier un projet pour quelqu'un qui a grandi dans la précarité et l'obsession de la survie ?
Tous les acteurs sociaux constatent que ces publics manipulent d'autres catégories, d'autres schémas cognitifs et culturels que les leurs : perceptions différentes de l'espace, du temps, du corps, rapport différent à l'autorité, aux anciens, à l'argent, au savoir, conception différente de l'honneur, de la convivialité, de la politesse…
Ce guide, véritable vademecum des interférences culturelles, répertorie et analyse sous forme de fiches toutes ces petites et grandes différences qui font obstacle à la formation et à la communication

Commentaire sur : Les obstales culturels aux apprentissages.
Insérer un renvoi à partir du livre.. Voir : En question - Les cahiers de l'année 1996- N°4
Michel Vial
En question - Les cahiers de l'année 1996- N°4
Michel Vial : Des lexies : confusions et idées toutes faites sur la didactique du Français
Pourtant on a eu à partir des années 70 des raisons politiques de s'intéresser à ce problème lorsqu'on s'est mobilisé sur l'échec scolaire et qu'on s'est préoccupé du cas particulier, dans l'échec scolaire, des migrants, des élèves qui doivent apprendre à l'école la langue française alors que ce n'est pas leur langue première et qu'on les met en classe à côté de ceux dont c'est la langue naturelle. On a bien fait le lien entre l'échec scolaire et cette situation-là : "L'école a à construire une didactique du français en tenant compte à la fois du fait que d'autres qu'elle participent à la construction de la langue dite maternelle des jeunes enfants et du fait que ceux-ci sont pour cette raison très tôt en contact avec un très grand nombre de modèleslinguistiques et langagiers. Cette variation linguistique peut s'avérer un auxiliaire essentiel des enseignants, si ceux-ci apprennent à la mettre au service des élèves et notamment des élèves qui ne la rencontrent pas dans leur famille. Mais elle peut être une cause essentielle d'échec, si on faitcomme si elle n'existait pas" (Lappara, M. 1991, p.25) mais on n'a pas posé le problème d'une façon telle qu'on puisse le résoudre puisqu'on n'est pas remonté jusqu'à la distinction entre les deux didactiques : didactique du français, et didactique de la langue française, langue étrangère. Si on était remonté jusqu'à cette distinction on aurait pu en déduire que l'enseignant qui est formé dans (et avec) la didactique du français, ne peut pas ipso facto enseigner le Français comme une langue étrangère. Et on aurait pu, en conséquence, créer un corps d'enseignants spécialisés dans la didactique de la langue étrangère, du Français comme langue étrangère. Un enseignant de Français, à plus forte raison un professeur d'école, n'a aucune formation pour se retrouver dans une situation de didactique de la langue française, langue étrangère (cf Verbunt, G, 1993).. Il a été, au mieux, formé à la discipline Français, pour enseigner à des sujets parlant déjà la langue française.
- 1985 (Sous la direction de Gilles Verbunt), Diversité culturelle, société industrielle, Etat National. Editions L'Harmattan, Paris. 265 pages

L'interculturel est à la mode. Les Français découvrent l'existence de minorités culturelles chez eux et chez les immigrés. Les régionalistes et les immigrés découvrent leurs identités et revendiquent le droit d'être respectés dans leur différence. Les discours idéalistes foisonnent. Mais, concrètement, est-il possible de concilier cette reconnaissance des spécificités culturelles avec l'existence de modes de production et d'organisation de la société suscités par la nécessité d'une productivité suffisante, d'un consensus national, d'un souci d'égalité sociale ?
Une trentaine de chercheurs, venus d'une dizaine de pays, se sont réunis à Créteil pour mettre en lumière des aspects souvent ignorés de la question. Cet ouvrage reprend leurs interventions et leurs communications. Leur prise en considération permettra d'éviter des déboires et d'avancer plus sûrement vers la réalisation de la société interculturelle.
- 1981 Avec F. Briot, Immigrés dans la crise, Editions Ouvrières, Paris. 188 pages

Quelle est la place des travailleurs immigrés dans la crise de l'emploi et du logement social, des institutions scolaires et militantes ? Plutôt que de partir d"utopies", les auteurs partent d'un projet de société en cours de réalisation : celui de nos gouvernants et des dirigeants des grandes entreprises depuis 1974.
Ce projet n'est jamais énoncé clairement : il faut le deviner à travers les restructurations des industries, le développement des différents statuts sur le marché de l'emploi, le durcissement de la législation, l'aggravation de la répression à travers les pratiques administratives et policières. Personne n'a le droit d'ignorer ce qui se trame ; chercher à comprendre est plus que jamais nécessaire ; comprendre cette politique de l'immigration, mais aussi ce que de nombreux immigrés et français font pour la faire échouer.
Cependant, un changement de dirigeants ne saurait suffire : des événements récents nous montrent la complexité des réponses aux problèmes posés et la nécessité des changements d'attitude de tous.
Les travailleurs immigrés sont à l'image du travailleur français de demain : dans l'immigration, comme sur un banc d'essai, des dirigeants économiques et politiques élaborent un nouveau "mode d'emploi de la main-d'oeuvre". La place aujourd'hui faite à l'immigré en France, n'annonce-t-elle pas celle réservée à de nombreux Français demain si nous ne réagissons pas tous ensemble ?
- 1980 L'intégration par l'autonomie, CIEMI, Paris. 398 pages + annexes

Les institutions françaises préoccupées par les problèmes posés par l'immigration sont-elles nécessairement paternalistes ou « colonisatrices » ? Les initiatives d'autonomie des travailleurs immigrés conduisent-elles nécessairement à la formation de « ghettos » ?
N'y a-t-il pas une troisième voie qui évite les pièges, d'un côté d'une assimilation qui détruit l'identité spécifique, et de l'autre le ghetto qui isole les populations immigrées et crée des tensions dans le tissu social français ?
L'ouvrage montre que ces dernières années une nouvelle forme d'intégration voit le jour dans la pratique sociale de plusieurs institutions françaises et de groupes immigrés organisés. C'est ce qu'on peut appeler « l'intégration par l'autonomie ».
- 1977 Immigrés en France, en trois (petits) tomes : livre du stagiaire, livre du formateurs, 30 fiches de travail. Éditions ODIL, Paris.
Cité pour mémoire. Indisponible. Cet outil de formation servait pour sensibiliser sur les problèmes que rencontraient les immigrés à leur arrivée en France. Dépassé aujourd'hui.
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